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Borgo Vecchio – Giosuè Calaciura

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019

Prix Venise Marco Polo 2019

Finaliste Prix Fémina 2019

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Conte fantastique qui raconte la vie des habitants d’un quartier  pauvre de Palerme, le « Borgo Vecchio » par l’écriture poétique et ciselée de Giosuè Calaciura.

Difficile de décrire cette histoire hors du commun qui s’écrit autour de la complicité de deux gamins, Mimmo et Cristofaro. Et aussi, Céleste, petite fille qui passe sa vie sur le balcon pendant que sa mère, Carmella, prie devant la vierge tout en se prostituant. Mimmo est amoureux de Céleste, la spécialiste des zizis. Cristofaro devrait mourir « en pleurant la bière de son père » sans que les voisins ne lève le petit doigt pour soulager ses souffrances. Et, il y a Toto, le voleur, dont tous les gamins rêvent qu’il devienne leur père.

Dans ce récit, ce sont des images qui troublent et dérangent, des odeurs qui enivrent, des mots qui transforment en poésie, la saleté…Un espoir qu’enfin cela change par l’amour de Camella et de Toto. Un cheval, Nana, incarne la férocité du désespoir mais aussi toute l’aspiration vers un avenir meilleur.

Tout est confus dans ce quartier particulier, aucune limite n’est donnée, mais tout est indélébile : la pauvreté et la dérision.

Il faut lire ce récit si étrange, si particulier qui transporte et s’envole pour finir dans le désespoir. J’ai mis longtemps à écrire cette chronique. Difficile de mettre en mots un ressenti si intense, si étrange mais qui ne me laisse toujours pas indifférente.

Merci #Netgalleyfrance, @noirsurblanc pour #BorgoVecchio

Ce livre m’a été offert en service de presse par Netgalleyfrance. Remerciements aux éditions Noir sur Blanc Ceci est mon avis en toute honnêteté et sans pression, comme d’habitude.

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Les marins qui s’en reviennent de l’amour payant préfèrent la promenade solitaire pour se remettre en mémoire chaque caresse, pour sentir encore le frisson de la peau, et ils réfléchissent silencieusement au mystère de l’excitation, ils répètent chaque geste, ils s’accrochent à l’odeur des draps, avec la salive leur revient à la bouche la douceur des seins, et c’est seulement à la fin qu’ils font le compte, combien de gagné, combien de perdu dans la comptabilité du désir, si le prix était correct, et ils cherchent en eux-mêmes la réponse à leur sensation d’épuisement semblable, par son rythme, à celui de la mer contre les môles du port.

Au Borgo Vecchio, tout le monde savait que Cristofaro pleurait chaque soir la bière de son père. 

Par le biais du confessionnal, il avait rassemblé des fragments de vérité, de haine, d’amour et de la jalousie, des noms entiers, des surnoms, les protagonistes étaient tous là, et tout allait se croiser le jour de la Sainte Patronne et du mariage.

En recevant cette caresse, Mimmo éprouva encore fortement le désir d’ être son fils, et il dilata ce rêve jusqu’à y inclure aussi Cristofaro, parce que c’était lui, son ami, qui avait ce besoin urgent.

Et c’est à cet instant là que Toto reconnut celui qui l’avait trahi, lui donna un nom et un prénom, et cet homme lui était si proche, si frère, qu’il sentit la blessure lui brûler l’estomac et monter jusqu’à la bouche pour se libérer à travers ses lèvres qui laissèrent échapper un sifflement: Judas.

Et quand la Patronne vit le monde, elle sembla se figer, car elle était clairvoyance.

La disparition des pleurs vespéraux de Cristofaro sous les coups de son père avait poussé le Borgo Vecchio à l’extérieur, les gens avaient reconquis les rues et les ruelles qui, depuis de nombreuses années, étaient glacées dès le crépuscule par les gémissements du garçon, car personne n’était capable de supporter le déchirement contenu dans cette douleur sonore. Ils préféraient rester chez eux, avec le volume de la télé au maximum pour ne pas entendre les pleurs.

C’était un marché qui chaque dimanche, dès l’aube, se pressait par instinct de pauvreté devant le portail de l’église.

C’était une chance que le Quartier soit si près du port. Camélia n’avait pas le temps de rouvrir ses volets, le signal pour de nouveaux clients, parce que les marins faisaient la queue dans l’ escalier, se pressait derrière la porte et ne la laissaient même pas se refermer entre la sortie de l’un et l’entrée de l’autre.

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Borgo Vecchio – Giosuè Calaciura

Éditeur : Noir sur blanc

Parution : 22 août 2019

ISBN: 2882505841

Lecture : Septembre 2019

13 commentaires

  1. Bonjour Matatoune. J’ai apprécié ta critique de ce livre. Je n’ai toujours pas fini La fabrique des salauds pris sur Net Galley… Bonne journée

    • Merci Brigitte d’être passée. Du coup, j’attends ta chronique, alors ! Bonne soirée

    • La lecture est une alchimie très particulière à un moment T dans un environnement précis. On passe tous « à côté » d’un livre aimé par d’autres. C’est pas grave car c’est ce qui fait la spécificité de chacun. Bonne soirée !

    • Oui, c ‘ est un roman court qui se lit facilement mais qui reste longtemps tellement il est different de que j’ ai l’ habitude de lire. Bon week-end Eveline.

    • C ‘ est vrai la poésie des mots au service de la description de la pauvreté et de son déterminisme m’ ont touchée. Et après l’ avoir lu, l’ histoire reste longtemps dans la tête. Bon week-end Renée.

  2. livre étrange c’est vrai, mais je m’aperçois il reste très longtemps dans ma mémoire, il suffit de regarder la couverture pour que les sensations que j’ai éprouvées en lisant reviennent, c’est très curieux…
    J’ai eu du mal à rédiger ma chronique à l’époque car c’était difficile de mettre les bons mots 🙂

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