Luigi Ghirri – Concorde

Première rétrospective en France, le Jeu de Paume – Concorde présente jusqu’à mi-juin 2019 l’exposition des photographies des années 70 de Luigi Ghirri (1943-1992) originaire de Bollène (Italie). Des petits formats photographiques qui traitent de la vie quotidienne en Italie.

Des photos qui, de prime abord, font penser à nos photos de famille, du temps où on les mettait encore dans des albums. Et, pourtant, en y regardant de plus près, c’est un autre message que ce génie du cadrage nous propose d’explorer: celui de notre propre relation à l’image dans un monde qui n’est que visuel! Du coup, ses recherches nous interrogent encore aujourd’hui sur notre monde de selfies et de réseaux sociaux !

Autopotrait

« J’ai cherché à ne pas m’enfermer dans une tendance ou un genre, raison pour laquelle j’ai travaillé simultanément dans diverses directions, dans un processus d’activation de pensées. Je n’ai pas cherché à faire des PHOTOGRAPHIES, mais des CARTES, des MAPPEMONDES qui soient aussi des photographies. »

Orbetello- 1974

Lorsque après avoir exercé la profession de géomètre pendant dix ans dans sa province natale, Luigi Ghirri décide de se consacrer à la photographie, il n’a que vingt-sept ans et doit tout apprendre. Pendant plus de vingt ans, il va construire une œuvre atypique, proche pour certains du pop-art, qui met en scène la relation entre les différentes images, entre les différents sujets et les différentes personnes.

Scandiano – 1971

L’exposition présente quatorze séries déjà exposées lors de la rétrospective de 1979 à Parme. Et, c’est sa modernité qui est fascinante !

Modena – 1973

Premier photographe a utilisé la couleur (alors qu’elle était alors réservé au marketing et à la publicité), il s’est intéressé à montrer l’action humaine et ses modalités entre différentes époques, en confrontant la modernité avec l’Antiquité.

La série « Kodachrome  » (1970-1978) rend compte de la façon dont la photographie prend place dans notre quotidien. Les trompe-l’œil créent l’illusion.

Modena -1972

Sa formation de géomètre se retrouve dans l’art du cadrage, ce qui influence fortement sa façon de photographier.

« J’ai toujours abordé la « scène à représenter » d’une manière directe; je me suis toujours placé frontalement devant mes sujets, sans coupe ni évitement de quelque sorte que ce soit (…) L’acte de photographier est déjà en soi un geste esthétique et formel. »

« J’ai photographié de nombreuses personnes de dos, qui regardaient des images, des plans de ville, des itinéraires; car j’ai voulu, comme dans de nombreuses autres photographies, leur donner un nombre infini d’identités possibles : de la mienne, tandis que je photographie, à celle de l’observateur. »

Paris – 1972
Talamone – 1974
Salzbourg – 1977
Brest – 1972

La série « Atlande » (1973) témoigne de notre passion à regarder des images pour satisfaire notre désir d’ailleurs. A l’heure du tourisme de masse, cette série prend tout son sens !

Atlande 1973

« Dans ce travail, j’ai voulu accomplir un voyage dans un lieu qui efface, au contraire, le voyage lui-même, puisque tous les voyages possibles ont déjà été décrits et tous les itinéraires tracés (…) Il me semble que le seul voyage aujourd’hui possible se situe dans les signes, dans les images. »

Modena – 1973
Le livre Kodachrome paru en 1978

« J’ai toujours travaillé à partir d’un projet, d’une idée principale qui ne doit pas rester un schéma rigide mais s’ouvrir, au contraire, aux intuitions et hasards qui se donnent lors de la réalisation du travail. Cette sorte d’encastrement, de « montage », ressemble à la méthode de construction d’une mosaïque ou d’un puzzle. « 

Luigi et Paola Ghirri

Photos interdites dans l’exposition

Questions pratiques :

Luigi Ghirri – Cartes et territoires – Jeu de Paume

Concorde

De Février à mi-juin 2019

10 commentaires

  1. Bonjour Matatoune. Je suis ravie de découvrir cette exposition de ce photographe que je ne connaissais pas, qui a saisi des instants de vie avec talent. Bonne journée

    • Décontenancée au début lorsqu’on découvre puis très touchée par la précision des clichés. J’aime particulièrement le couple dans la verdure ! Très bonne journée

  2. Un maître de la photographie contemporaine , un observateur attentif qui a toujours eu à cœur d’équilibrer ce qui est dans la mémoire des gens face à un paysage par exemple, ce que nous voyons réellement et ce que la photo nous renvoie comme explication , c’est assez profond et très analytique– Il y a des photos qui sont quasiment des tableaux … C’est très beau. Merci Tatoune et très belle journée 🙂

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