Avalanche hôtel – Niko Tackian

« Prix du Polar » des « Petits Mots des Libraires 2020

Pour rendre hommage à deux de ses maîtres, King Stefen et Stanley Kubrick, Niko Tackian dans son dernier roman « Avalanche hôtel » nous entraîne dans un hôtel délabré, isolé en plein montagne. Mais, au lieu de raconter la descente aux enfers de son personnage principal, Niko Tackian choisit de nous conter une reconstruction !

En 1980, Joshua Auberson est agent de sécurité dans un hôtel où une jeune fille, Catherine Alexander, disparait. Des images de sang, de femme de chambre, d’une piste de bobsleigh et d’un portier le hantent.

En janvier 2018, le même Joshua Auberson se réveille d’un comas provoqué par des contusions lors d’une avalanche. Policier basé à Montreux (Suisse) devenu amnésique, il retrouve petit à petit son emploi du temps d’avant l’accident. En essayant de comprendre sa présence dans ce coin reculé de la montagne, tout près de l’hôtel des années passées, il reprend le fil de l’enquête.

La découverte d’une inconnue, elle aussi dans le comas, risque de faire basculer la raison de Joshua, tant les similitudes entre les années 80 et actuellement s’enchevêtrent.

Heureusement, l’intervention de sa coéquipière, Sybille, ancrée dans la réalité, l’oblige à garder les pieds sur terre et l’aide à affronter des démons que, jusqu’ici, il n’avait jamais voulu aborder !

Le roman doit installer les deux univers, celui de 1980 et celui de 2018, pour qu’après, Niko Talkian révèle les liens qui les relient. Reprenant les dernières découvertes des neurosciences sur la mémoire, il explique les rêves comme une réminiscence d’un passé vécu, ou non, par Joshua ! De plus, une tempête ne cesse de se profiler et oblige à agir dans l’urgence!

Scénariste de films, dessinateur de BD et écrivain, Niko Tackian a créé un personnage de policier, Tomar Khan, justicier que j’ai découvert dans Fantazmé. Il interrompt sa série pour offrir un thriller psychologique qui pose les thèmes de la filiation, de la mémoire et de la folie. Ce roman, je me suis efforcée de le déguster lentement, comme un bonbon acidulé qu’on laisse fondre sur la langue, tant j’aime les polars qui font réfléchir ! Non la mémoire n’oublie jamais rien !

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La souffrance comme seul horizon laisse parfois entrevoir l’amortissement comme solution...

Personne ne l’avait compris, pas même lui. De cette période, il gardait un intense sentiment de « vide » et l’impression d’être allé visiter des zones de sa psyché dont les portes, bien que closes, suintaient un mal-être insupportable. Malgré plusieurs années de psychanalyse, personne n’avait jamais réussi à lui faire ouvrir les vannes de son désespoir, alors on s’était assuré qu’il les visse bien à fond, et pour le restant de ses jours.

Elle avait raison…Nous naissons seuls, nous mourrons seuls, mais au moins fallait-il essayer d’échanger un peu de chaleur pendant notre existence.

Lorsque l’on aime un enfant, on le protège, même de lui-même.

La souffrance comme seul horizon laisse parfois entrevoir la mort comme unique solution…

Elle se tenait sur le bord d’un abîme dans lequel elle allait disparaître sans laisser la moindre trace. Les morts n’existent qu’à travers le souvenir des vivants et dans son cas, personne ne s’était manifesté, ni famille ni amis… Elle était seule dans les abysses, il n’y avait rien de plus froid que l’oubli.

Être grosse quand on est gamine c’est un peu comme se jeter dans une fosse aux lions avec des menottes: on a peu de chances d’en ressortir indemne. Alors elle avait morflé pendant des années, entre les boutades des garçons et les copines jamais avares en coups de surin dans les côtes flottantes. (…) La souffrance comme seul horizon laisse parfois entrevoir la mort comme une solution….

Voyez-vous, les souvenirs inscrits dans l’hippocampe sont comme des barques sur un fleuve. La nuit, ils larguent les amarres et dérivent lentement pour quitter l’hippocampe et rejoindre le cortex cérébral. Ce sont les traces de nos expériences vécues et elles se nichent dans notre mémoire à long terme pour former une tapisserie que nous reconstituons durant l’état de conscience, mais également durant nos rêves.

a noter

Avalanche hôtel – Niko Tackian

Éditeur : Calmann-Lévy

Parution : Janvier 2019

ISBN : 2702163297

Lecture : Janvier 2019

10 commentaires

  1. Mémoire… on oublie, on édulcore, on transforme, on embellit… voilà un thriller bien sérieux que j’aurais plaisir à découvrir.

  2. Vu un film sur un sujet un peu similaire mais, un roman reste un roman dans un film c’est toujours très condensé…Il m’as l’air bien celui là je note. Bisessss

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