Susan Meiselas – Jeu de paume

Susan Meiselas – Jeu de paume – Paris

Médiations

Du 06 février au 20 mai 2018
Commissaires : Carles Guerra et Pia Viewing.
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Dee et Lisa, Little Italy, New York, 1976
J’ai eu la chance de découvrir cette rétrospective de Susan Meiselas de 1970 jusqu’à nos jours lors de ma visite de l’exposition Raoul Hausmann – Jeu de Paume
Née dans le Maryland en 1948, Susan Meiselas appartient à Magnum Photos depuis 1976.
Choisissant de couvrir les zones de conflits ou un événement politique du pays dans lequel elle vit, Susan Meiselas s’immerge longtemps pour rendre compte de son sujet.
« C’est une chose importante pour moi – en fait, un élément essentiel de mon travail – que de faire en sorte de respecter l’individualité des personnes que je photographie, dont l’existence est toujours liée à un moment et à un lieu très précis. » — S. Meiselas
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Photographiée en 1976

Univers du sexe

Lors la période de 1972 à 1975, Susan Meiselas  s’immerge chaque été dans le milieu des strip-teaseuses.

                     Lors de carnavals dans des petites villes 
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Vermont – USA- 1975
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Pattis’show – Vermont – USA- 1974
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Vermont – 1974 – Lulu
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Shortie – Maine- USA – 1973
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Vermont USA-1974

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Livre – 1981

 

Nicaragua

La photographe interroge l’image d’actualité, son statut, ce qu’elle signifie pour raconter l’actualité et comment elle peut rencontrer l’histoire pour devenir emblème ou symbole.

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Président et commandant en chef des armées – 1978

“Marathon man” a cette ampleur. A sa publication, Susan Meiselas a suivi son instinct. Elle débarque au Nicaragua où les Sandinistes socialistes  tentent de renverser la dictature. Pendant six semaines, son appareil à la main, elle photographie la pauvreté et les inégalités. La sympathie des combattants lui permet de prendre sur le vif le lancement d’un cocktail-Molotov sur l’une des forteresses de la garde nationale. Le lendemain, le président prend la fuite.

                     Pablo de Jesus "Bareta" Araúz
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Molotov man – 1979

“Quand on fait du photojournalisme, on pense à l’image arrachée du moment mais on n’arrive pas à imaginer l’espace de circulation des images, les sens différents qu’elles prennent. Susan Meiselas a pris conscience de ce phénomène et elle a passé un an, deux ans, à réfléchir à ce qu’elle avait fait par rapport à la guerre et la révolution.” Charles Guerra.

Symbole, l’image a fait le tour du pays et au delà. Plusieurs années plus tard, Susan Meiselas montre sur grands panneaux ses clichés au retour dans le pays. Le film “Reframing History” raconte les témoignages.

L’exposition montre l’histoire de la prise de vue, des reproductions de l’image sur un T-shirt ou le témoignage de l’homme, filmé des années plus tard.

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25 ans plus tard, Susan Meiselas revient et recherche les survivants. Véritable travail de mémoire collective. Exposition en grands formats de ces photographies

La moindre des choses à faire est de témoigner, de documenter, de transmettre. Ce ne sont pas des preuves irréfutables mais des années plus tard, elles sont utilisées par des cours de justice pour établir les responsabilités. — S. Meiselas

Kudistan

En 1990, Susan Meiselas  découvre le peuple kurde. Suivant la même stratégie, elle s’immerge en remontant les routes que les kurdes fuient pour retrouver leurs mémoires.

La photographe documente le génocide des Kurdes d’Irak ordonné par Saddam Hussein en 1988.

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Exhumation de 18 soldats et de civils – 1991
“Les photographies contemporaines ont le pouvoir de témoigner des crimes lorsqu’elles donnent à voir l’exhumation des restes humains gisant au fond d’une fosse commune.” — S. Meiselas
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June 1992
Chaque image raconte une histoire et a une autre histoire derrière elle : Qui est photographié ? Qui l’a fait ? Qui l’a trouvé ? Comment a -t-il survécu ? Je me demande ce que nous pouvons savoir d’une rencontre particulière en regardant une telle image aujourd’hui. Nous avons l’objet mais il existe séparé du récit de sa fabrication. –  S. Meiselas
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Les membres des familles portent la photos des Pechmerga martyres – 1991
Depuis quelques années, une “Carte aux histoires» qui, régulièrement alimentée, réunit des contributions issues de la diaspora kurde et fait l’objet à chaque exposition d’une réactualisation. Elle fut présentée au jeu de Paume et regroupe un nombre beaucoup plus importants de contribution que cette photographie ne montre pas. (mon appareil photo m’a fait défaut ce jour là)
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« Ce qui la distinguait des autres, c’est qu’elle n’était jamais pressée. Ce qu’elle avait sous les yeux ne lui suffisait jamais ! » Alan Riding, journaliste
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Archives of abuse

En 1992, Susan Meselas est contactée pour sensibiliser à la violence domestique. A partir de collages de rapports policiers et ses propres photographies, elle expose ses travaux dans la ville  de San Francisco (affiches dans les abribus).

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Feuille de contact archivée dans “Archives of abuses”

 

« Mon instinct m’a dicté de commencer par le plus manifeste – les traces dans les hôtels, chez les gens […] J’ai perçu le pouvoir de l’absence dans ces archives des violences faites aux femmes. J’imaginais les lieux où les choses s’étaient produites et l’image faite après coup m’apparaissait comme vide. Une cicatrice, une blessure sont des preuves manifestes, mais le lieu lui-même n’est vraiment connu que de la personne à qui la violence a été infligée. Il existe dans sa mémoire. » — S. Meiselas
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Installation concernant les mains d’Irma. San Francisco – 1992
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Archive de police

A Room of Their Own

En 2015, Susan Meiselas commence un travail sur les femmes qui ont survécu à une violence domestique en Angleterre et qui vivent dans un foyer. Elle crée avec les femmes elles-même, d’autres artistes une œuvre faite de photographies, de collages et de témoignages.

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« Chaque chambre, chaque vie est unique, dans cette série. Chaque espace photographié est à la fois une archive et une sorte de miroir. La femme n’apparaît pas, et pourtant elle est présente… Ces photographies peuvent faire office de souvenir d’un paysage singulier à un moment précis d’une histoire. »— S. Meiselas

 

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Refuge – 2015
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Collage sur la mode de Sam – 2015
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Priscilla dans sa nouvelle maison. – 2016 – “La seule chose que j’ai toujours gardé sur moi c’est la photo de mes enfants”.

Dans une de ses dernières installation, Susan Meiselas explore l’univers du Sadomasochisme et montre inlassablement des femmes prises entre la demande et leurs univers personnel.

Comme tout photographe, Susan Meiselas refuse d’être photographiée. Cette dernière photo la montre lors de la mise en place de l’exposition au Jeu de Paume. Pourtant, c’est la suivante qui m’interroge le plus et je vous l’offre en conclusion.

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Masque traditionnel utilisé par les insurgés – Nicaragua – 1978

6 commentaires

    • Oui, la photographie de “Molotov man” est connue mais j’ai découvert une artiste qui a toujours suivi le même fil conducteur : la relation à l’autre au delà des cultures, des pays, des histoires…Et, j’y suis sensible. Bon WE.

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