Vite! Une déambulation en Mai 68 – Frédéric Joignot

Vite ! Une déambulation en Mai 68 – Frédéric Joignot

Éditeur : Éditions Tohubohu

ISBN : 2376220475

Mai 2018

Remerciements à @TohuBohuParis et #massecritique de @Babelio

vagabondageautourdesoi-vitewordpress-20180703 Un journaliste revient sur ses souvenirs pour nous raconter son mai 68 au rythme de ses pas et le lecteur découvre, à partir du récit des événements, ce que cette période a apporté de liberté, d’égalité et de fraternité qui, encore actuellement, inonde notre façon de discuter du monde !

Frédéric Joignot est journaliste : il a été rédacteur en chef des pages Culture de Libération de 1974 à 1980, a collaboré avec Jean Francois Bizot pour « Actuel » jusqu’en 1994, premier organe de « free-press » français, a fait des incursions vers Psychologie Magazine et Nova Magazine et depuis 2002 a rejoint Le Monde des Idées. Il anime un blog depuis 2012.

En 1968, Frédéric Joignot est lycéen en terminale au Lycée Berlioz de Vincennes. Son frère étudie à la Sorbonne. C’est donc tout naturellement qu’il s’est trouvé à vivre les événements de Mai 68 comme un badaud, promeneur à certaines heures et impliqué à d’autres.

Son récit s’organise par ordre  chronologique autour de sa mémoire émotionnelle. Sa particularité est dans cette narration du ressenti, pas du tout exhaustif, d’un tout jeune homme et le travail de recherche du journaliste expérimenté qui construit son écrit en s’appuyant sur la documentation historique, sociologique et géographique. Ainsi, en découvrant les émotions, les impressions et les sentiments relatés au fil des différents événements, le lecteur  retrouve l’ambiance et l’atmosphère de l’époque. Le témoignage devient précieux, éclairé et vivant.

Mais, ce livre est aussi un essai : Frédéric Joignot recherche l’essence de cette époque, étudie les chocs qui vont déterminer la naissance de ce mouvement, décrit l’état d’esprit de cette jeunesse qui souhaite discuter, les réactions décalées et excessives d’un gouvernement sourd en plus qu’être aveugle, la récupération des corps intermédiaires et la création d’un mouvement de réflexion sur le quotidien des femmes qui s’appellera plus tard féminisme.

Ce cinquantième anniversaire de Mai 68 est resté bien discret en cette année 2018. Il faudrait y réfléchir : Est-ce parce-que les protagonistes sont encore présents et tiennent  encore à leur place alors qu’on essaye par tous les moyens de les évincer de l’espace public ? Je ne sais pas. Sachons attendre encore quelque temps pour que soit reconnu le formidable bouleversement qu’à amener ces jours de mai dans la société française ! Ce livre pourrait y aider…

Vite, une déambulation de Frédéric Joignot en Mai 68 nous décrit, à partir des émotions du jeune lycéen qu’il était, les fameux événements qui le feront devenir adulte,  amoureux à jamais de la dialectique chère à Socrate. Mais, cette assemblée nouvelle où l’on discute est composée de  femmes qui, au fil du temps, ont conquis leurs places, revendiquant l’égalité avec leurs confrères. Mais, ça, le Socrate de 68 n’y avait  même pas songé !

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J’avais oublié la frustration, les humiliations, les interdits que les adolescents subissaient chaque jour au lycée- ils semblent s’y archaïques aujourd’hui !

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Il est curieux comme la mémoire tricote dès qu’on l’a sollicite. Elle le fait au hasard, n’obéit pas à la volonté, surgit sans prévenir, mais aussi entrecroise des fils affleurant.

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Ces récits nous glaçaient, mes frères, mes sœurs, mes cousins – notre génération d’adolescents d’après-guerre. Ils ont constitué en moi, le lycéen en sursis du service militaire, un bloc compact d’idées pacifiques, un front du refus du militantisme, une profonde méfiance envers les patriotes, les racismes, l’extrême-droite, le chauvinisme. Je crois qu’elles constituaient un socle commun à bien des jeunes qui se sont soulevés en 68, groupes d’enfants de parents marqués par la guerre et le fascisme.

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J’insiste sur les télescopages – Vietnam – Algérie, boys-conscrits ,guerre-service militaire – pour tenter de reconstituer le nœud gordien des idées pacifiques qui enserraient alors nos pensées , et qui ont ressurgi en mai 1968.

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Quand il est interdit d’interdire, il est difficile de décider, de trancher et de choisir, nous l’avons rapidement compris.

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Mai 68 a d’abord été une levée en masse de toute la jeunesse contre une société fermée, brutale, hiérarchique, sans considération.

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Nous n’avions plus peur du racisme vaincu, la guerre nous semblait lointaine, nous goutions la paix des chaumières depuis l’enfance, et nous étions bien décidés à l’explorer plus avant encore, ce bonheur, à en profiter jusqu’à plus soif, en pleine liberté, sans nous laisser. Contenir par les filles contraintes, et cela pour des raisons plus existentielles, plus musicales, poétiques, lyriques…. Impossible de comprendre mai 1968 sans voir cela ! 

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Ils ne se laissaient pas intimider. Ils n’acceptaient pas l’inacceptable, un État qui frappe sa jeunesse veut l’humilier, la faire rentrer dans le rang au nom d’idées dépassées. Ils avaient le courage de s’opposer physiquement, malgré leur peur, malgré les matraquages !

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Ils extraient de la rue éventrée des lourdes pierres, se les passent de mains en mains, et cette chaîne humaine les jette sur un grand tas pyramidal qui obstrué la chaussée. La barricade…

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Elles ne parlaient pas en marxisme-léninisme comme les autres militants, mais appelaient à une révolution de la vie quotidienne.

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Le street-art naît à ce moment là, accompagnant les graffitis. Il ne s’arrêtera plus .

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Enfin les étudiantes parlaient haut et fort des problèmes qui leur tenaient à cœur , elles qui avaient été, proclamaient-elles, les perdantes des révolutions. Certaines, pour la première fois, protestaient quand les hommes accaparaient la parole. Et pour la première fois, tout un amphi discutait de sujets jusque-là tabous, méprisés, jugés secondaires par les marxistes et les gauchistes : l’oppression des femmes, l’avortement, la pilule, le mari  » chefs de famille  » , l’égalité, les différences de salaire, la révolution sexuelle, l’homosexualité, l’orgasme. Une assemblée historique, oui…

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Chapitre V A la recherche du tempo perdu- page 49
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Chapitre V A la recherche du tempo perdu- page 50

 

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Chapitre V A la recherche du tempo perdu- page 52
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Chapitre IX -Nuit de Walpurgis – page 100
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Chapitre XVII -Dérives dans les halles – page 154/155

JUILLET 2018

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4 commentaires

  1. Bonjour Matatoune. J’étais en 5ème il y a 50 ans, à Agen, et j’ai vécu mai 68 de loin. C’est sûr que le mouvement a entraîné de nombreux changements, en bien, et en mal… Bonne journée

    • Nous devons avoir sensiblement le même âge ! L’un des plus grands changements fut celui de la condition féminine. Il y aura un avant et un après et heureusement pour nous et celles qui nous suivrons! Bonne journée

    • Ah, ta remarque est gentille mais drôle…C’est le récit d’un vécu. Face à un événement de vie, l’accueil et l’empathie sont plutôt attendus. La particularité de ce vécu est que cela soit écrit par un journaliste qui peut l’enrichir à partir de ses investigations. Je n’ai certainement pas été assez claire dans la présentation ! Je le regrette ! Au plaisir d’échanger car c’est pour ça que nous écrivons …pour le plaisir de la discussion! Bon WE !

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