LE PHARE – Jean -Bernard Lemal

LE PHARE – Jean -Bernard LEMAL

ISBN : 978-2-36845-253-0  – Parution Janvier 2018

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Remerciements sincères à l’opération Masse critique de Babelio et aux éditions

IS EDITION pour leur envoi.

vagabondageautourdesoi-lephare-wordpress-5_31_20_ProLe décor : Au cœur du petit port de Port Gentil situé au Gabon, autour d’un phare plus que vétuste, deux populations cohabitent sans vraiment se rencontrer sauf à l’occasion d’un pique-nique annuel : les blancs qui ont conservé de la période coloniale les passe-droits, les arrangements douteux et une conception de la vérité très orientée et les autochtones qui ne peuvent que regarder et se taire.

Le point de départ : C’est le jour du pique-nique qu’un blanc mort -assassiné choisit pour échouer sur la plage !

L’enquête : Ce crime aurait pu passer pour un accident, comme d’habitude! Sauf que le flic local, Simon N’Guele, décide de ne plus faire semblant.

Les enquêteurs : Le flic, lui-même corrompu pour avoir accepté un voyage donc pieds et mains liés, décide de déléguer l’enquête à un journaliste blanc, Markus Lanier. Mais, penser que notre flic restera en retrait est une illusion. Celui-ci bouge les ficelles dans l’ombre (il connait parfaitement sa communauté !) jusqu’à ce que son ami  puisse enfin faire éclater la vérité!

L’intrigue : Autant vous dire que ce journaliste, héros de ce roman, est un piètre enquêteur : il s’amourache des suspects, il dévoile ses intentions à qui veut l’entendre, il donne des coups de pied dans la fourmilière de ce monde social habitué aux mensonges, au détournement, à la corruption quitte à faire de gros dégâts collatéraux ! Il y aura vengeances, plusieurs meurtres et même des disparitions puis de nouveau des apparitions !

Mais, ce roman est un polar particulier ! Amateur de suspens et de rebondissements passait votre chemin, ce roman n’est pas pour vous ! Dans LE PHARE, la quête de la vérité ne ré-équilibre pas l’ordre social établi. Dans le monde de Jean-Bernard Lemal, le droit ne venge pas les victimes puisque, au contraire, c’est le meurtre qui rend la justice! De plus, les protagonistes ne vont rien apprendre de cette quête. Chacun restera dans son rôle en ayant juste un  peu voyagé. Même les responsables passeront par la case prison et en ressortiront vite pour reprendre leur place dans cette société qui semble immuable. Alors, le lecteur voyage lui : d’une petite ville du Gabon à une plateforme pétrolière en passant par des villas de la Riviera, etc…

Le personnage du journalisme permet à l’auteur d’être le candide qui porte sur le monde qu’il découvre un regard désabusé, sage et déraisonnable à la fois ! Peu de place à l’émotion et au ressenti, les faits sont éclairés par des interprétations mélancoliques, quelque fois poétiques, qui peuvent nous servir de chemin de réflexion, bien loin de l’ambiance habituelle du polar.

En conclusion, ce polar est un prétexte pour que l’auteur nous livre sa vision de certains microcosmes, mais aussi ses réflexions sur la vie avec des personnages essayant de rétablir un ordre de droit. Mais, ils n’y parviennent qu’à moitié tant la chape du système  social est impossible à bouger.  Assez rare cette position qu’il faut saluer dans le monde de la littérature du polar!

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Véra, Louis…Ce couple sans tain plongea avec délectation dans un microcosme de gens de rien, un petit monde peuplé de ménagères subitement devenues reines et princesses du bourg. Hier encore, elles faisaient subitement leur vaisselle et torchaient leurs mômes dans un trois-pièces/cuisine/salle de bain exigu de banlieue. Mais, voilà, un voyage en avion et quelques valises participèrent au miracle.

Froid le métro, chauds les taxis-brousse; froides les rues de Paris, incandescentes les ruelles d’un bidonville où des gamins, pieds nus et en guenilles, s’agrippent à votre bras pour tenter de comprendre votre présence dans leur paysage, étrange étranger en chaussettes et chaussures perdu au milieu des fumées âcres de charbon de bois qui se consume, la mains sur les narines pour ne pas sentir l’odeur de la misère et regardant droit devant pour ne pas voir, ne pas savoir, et surtout ignorer.

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On dit que les souvenirs fabriquent des rêves et que les rêves donnent naissance à la réalité.

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Quand on a la chance d’avoir des regrets, c’est que le bonheur à croisé notre chemin.

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Jour de pluie, insupportable, générateur de, averses intermittent et indécises, thermomètre oscillant entre grippe et coup de froid…bref un jour pour rester au lit sans même se doucher.

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Le monde est ainsi fait de rendez-vous ratés, de promesses non tenues et de circonstances mal venues.

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L’ingratitude avait cours, un sentiment en équilibre sur le bord d’une lame de couteau, oscillant entre l’irréparable et la compassion.

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Du Canada à l’Afrique, il n’existe pas de lignes régulières, de rotations de navires ou de compagnies aériennes assez folles pour entamer une telle entreprise. Seules des déceptions à réception des rencontres avortés avec des filles trop bien , nourrissant des ambitions trop fortes, furent capables de trouver l’itinéraire idéal pour se perdre à des millions de kilomètres de chez soi, dans un pays où la neige est interdite.

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Les marabouts ne croient pas au hasard. Les destins ne se croisent pas, ils se complètent, ils s’additionnent. Les mains se touchent, les regards se croisent, on se ressemble, on se comprend tout à coup, on mélange deux trois larmes coulant par réflexe, ou par amour :  » Nous sommes sœurs, après tout ! »

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Simon mit, les uns derrière les autres, des mots frères, des phrases sœurs, des remarques orphelines, pour bâtir un compte rendu qui ne servirait à rien , mais constellé de tampons rouges et noirs, papier officiels ayant reçu la bénédiction des autorités.

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Notre rendez-vous pris à l’africaine ne précisait pas d’heure, mais un véhicule arrêté en pleine nuit à cette endroit précis était suffisant.

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Un gamin du village poussant une boîte de conserve avec ses pieds s’imaginait au centre de la pelouse d’un stade, vedette d’une équipe de foot et adulé d’un public qui n’existait pas.

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Il y avait ceux qui se prélassaient du bon côté de l’existence, les passionnés de café crème, les champions toutes catégories et les autres, les candidats à plus rien, expert du jamais au non endroit au bon moment.

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La solitude n’a pas le téléphone et ne fraternise pas avec les employés des PTT chargés de remettre le pli recommandé du service des impôts, les seuls à se souvenir de moi.

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Il voulait être Colombo. Quoi de plus beau que de se faire son cinéma ?

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babelio

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11 commentaires

  1. Bonjour Matatoune – Je vous remercie d’avoir lu Le Phare et je suis ravi et agréablement surpris par votre interprétation. Marcus Lanier, c’est un peu moi et un peu tous les autres. C’est ma « loupe » à tout faire, un microscope mobile. Je l’ai impliqué dans un autre de mes romans :L’Ecume du Voyageur » – Voyage encore voyage…) Je vous souhaite une excellente retraite qui, si j’en crois votre bio, ressemble plus à départ dans la vie. Se marier à 61 ans, c’est magnifique ! Bien amicalement – JB Lemal

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