La distance de courtoisie – Sophie Bassignac

La distance de courtoisie – Sophie Bassignac -Éditions JC Lattès / Le Masque

IBN : 9782709660808  Parution : 31/01/2018
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Proposé par Gwen du blog Le Bouquin ivre ( La distance de courtoisie ) , le livre m’a attirée, car je ne connaissais pas l’autrice : il y avait une enquête dans le milieu de l’art avec un  anti-héros !  De plus, la prestation de Sophie Bassignac à La Grande Librairie  a achevé de me convaincre : un peu en décalage par rapport à tous ces auteurs, je l’ai trouvé à la fois hésitante et assurée, un mélange détonnant qui m’a attirée.
Un tableau disparait au musée où Étienne Bellamy (petit clin d’œil de l’autrice)  traîne sa déprime comme médiateur culturel après une séparation amoureuse.   Toujours en équilibre précaire, il est soutenu par tout le monde : ses voisins, sa directrice, son thérapeute, enfin tous ceux qui l’environnent pour le porter à bout de bras pour éviter qu’il ne tombe vraiment. Alors lorsqu’il s’agit de trouver un coupable, l’inspecteur n’a pas beaucoup à chercher : Étienne en est un idéal ! Et, pourtant, le héros a plus d’une ressource dans sa manche et notamment celle d’attirer une belle jeune femme dans sa « distance de courtoisie » pour qu’elle puisse provoquer le destin !
Tout d’abord, une remarque sur les petites touches d’humour qui ponctuent le récit : un inspecteur qui s’appelle Canari, une Héloïse qui sortira le héros de sa déprime. La description d’une directrice Adélaïde Ozefant toute en optimiste et truculence pour qui la vie se croque à pleines dents !
De jolis clins d’œil, comme de petits aimants qui nous retiennent tout au long de la lecture ! Et, il en faut car Sophie Bassignac nous embrouillent avec ses romances : A aime B mais B aime C qui lui même aime D…Etc. « La distance de courtoisie » pourrait être un vaudeville de province où l’aristocratie tente de retrouver ses privilèges et où la bourgeoisie essaye d’en connaître de nouveau !
Mais, c’est sans compter sur la passion pour l’art que ce soit les tableaux, le théâtre ou la littérature.  Car, l’art est un personnage à part entière qui pourrait à lui seul faire que les distances de courtoisie s’étirent ou se rapprochent. Car les réduire, pour l’autrice, c’est accepter de s’en remettre aux autres à l’inverse d’un autre personnage qui s’est enfermé dans son secret « morte d’avoir détesté être vivante ». C’est aussi s’enfermer dans une bulle avec l’être aimé, comme  le fera notre héros à la fin de ce roman !
Malgré des débuts un peu poussifs, j’ai apprécié me plonger dans cette histoire pour laquelle je me suis fait balader entre romances, polar et province sans jamais m’y ennuyer !
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La prudence d’Étienne Bellamy, sa distance courtoise et peu encourageante la pousseraient sans doute à se compromettre davantage mais, sans vraiment, se l’expliquer , elle se dit que pour une fois, cela en valait la peine. (…) Son statut de comédienne entraînait d’autres malentendus. Les amants d’Héloïse la sortaient comme une voiture de luxe que tout le monde regarde, avant de s’apercevoir qu’elle n’était pas très gaie, qu’elle était sobre alors que les autres tanguaient dans les boîtes et en fait pas aussi star qu’ils l’avaient imaginée. Étienne était plutôt un frère de peine qui partageait avec elle un même sentiment de décalage et, semblait-il, un même désir d’évaporation.
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Un couple jauges les paysages de Citoyens en propriétaires terriens, puis un autre trouva tout joli,ce qui l’avait au plus haut point. L’art n’est pas joli, avait-il expliqué un jour à Anne-Marie Laure , Bessonneau qui, confondant le génie et la décoration, usait du même vocabulaire idiot.
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La distance de courtoisie ! Est-ce-qu’on la respecte ma distance de courtoisie à moi, quand on me balance à la figure ces expressions qui me rendent fou? Qu’est-ce que c’est que cette distance de courtoisie qu’ils défendent tous comme un droit fondamental ? Ce sont les mêmes qui s’affichent à poil sur internet. Ce sont les mêmes qui ne supportent pas d’être seuls, aussi mal à l’aise en leur compagnie qu’avec un inconnu hostile rencontré dans un train. Avant les contradictions cohabitaient, maintenant elles s’entretuent. On ne sait plus qu’elle est la bonne distance,on ne la reconnaît plus d’instinct. Je n’en peux plus brefs ces enfantillages.
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J’ai reçu une éducation traditionnelle et pendant toute mon enfance, on m’a serine qu’il était très impoli de parler de soi et très malsain de s’observer le nombril. Je suis longtemps restée sur cette idée. Mais quand j’ai commencé à m’intéresser à l’art, j’ai compris à quel point c’était idiot. Au fond , être curieux de soi ou être curieux des autres finit la plupart du temps par revenir au même, non? C’est la curiosité qui compte.
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Il faut guérir Adélaïde. Nous avons besoin de nous faire du cinéma parce-que nos vies manquent de relief et nous nous servons de nos fantasmes pour décorer avantageusement un avenir morne. Alors nous finissons par tomber amoureux de notre propre souffrance . Mais, malgré tous nos efforts, nos corps restent des poids morts qu’en réalité personne ne touche. Et ça, à la longue, on ne peut plus le supporter.
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J’ai arrêté d’imposer mes passions le jour où j’ai admis que je ne me laisserais pas moi-même imposer les passions des autres. Il ne doit y avoir ni guerre ni contrainte. La littérature, le théâtre ou la peinture existent contre tout, gratuits, splendides et à disposition.
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5 commentaires

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