Être moderne: Le MoMA à Paris – Fondation Louis Vuiton

Être moderne: le MoMA à Paris

Du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018

La Fondation ressemble toujours à un paquebot qui a perdu ses couleurs vives mais dont le gris actuel convient très bien au temps pluvieux qu’il faisait au moment de la visite. L’exposition se déroule sur les 3 niveaux disponibles d’où énormément d’œuvres ( à peu près 200), forcément d’une grande diversité puisque ce musée créé en 1929 s’est toujours revendiqué comme témoin de l’avant-garde de la création contemporaine et inévitablement réducteur puisque sur quatre niveaux vont être balisés presque cent ans d’Histoire de l’Art.

Le parcours est chronologique et montre la dimension pluridisciplinaire qu’a mené le musée : peintures, sculptures, photographies (Premier musée à créer un  département photographique en 1940) films, imprimés, dessins, design, architecture, performances et médias. L’exposition retrace à partir des onze galeries les choix faits et revendiqués par le musée en collaboration avec les différents gouvernements et instances gouvernementales qui ont elles été pleinement parties prenantes de son évolution avec ses directeurs.

Une des nouveautés, ce sont des médiateurs culturels qui interrogent, dans une salle ou devant une œuvre,  le public par rapport à son ressenti ou font découvrir un aspect particulier ou même, se mettent en situation comme dans la boutique reconstituée du second niveau.

Le MoMA à NY, le vrai, c’est six étages, 25 000 activités, troisième institution la plus visitée des USA (Merci Wikipédia). Il compte aujourd’hui trois magasins de souvenirs et librairies, quatre cafés et restaurants et peut accueillir 7 000 visiteurs par jour!

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« Mais, pourquoi vas-tu voir cette exposition puisque on a déjà visité le MoMA? » m’a dit mon conjoint. Eh, bien justement, après avoir passé près de quatre ou cinq heures dans ce musée il y a plusieurs années et en étant honnête, je ne me souviens que des toiles de Hooper, de certaines peinture de Van Gogh, de sculptures superbes dont j’ai oublié le nom de leurs auteurs et de coussins super confortables où je me suis vautrée, vers la fin, essayant de comprendre les différentes vidéos qui envahissaient mon espace sonore et mon champ visuel !

Donc, il était possible qu’à la faveur de cette nouvelle visite, je puisse découvrir quelques autres petites choses…

Comme pour l’exposition précédente ( COLLECTION CHTCHOUKINE), la Fondation Louis Vuitton ne lésine pas sur le nombre d’œuvres présentées. Du coup, cette chronique ne se veut pas exhaustive ! Ci-dessous, le nom de tous les artistes exposés!!!!

 

Niveau 1

Origine européenne de la modernité et abstractions américaines

On doit à trois femmes, un peu méconnues quand même, l’idée de créer un lieu pour exposer et collectionner l’art moderne et d’en faire œuvre de pédagogie.

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Lillie P. Bliss – Abby Aldrich Rockefeller – Mary Quin Sullivan

Alfred H. Bahr JR en fut le premier directeur : formé aux arts en Europe, il rapporte cette vision aux USA et continuera jusqu’en 1967 après une interruptions de quelques années.

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L’oiseau dans l’espace de Brancusi – 1928

« L’oiseau » ouvre l’exposition comme un clin d’œil au procès très médiatisé qui a eu lieu lors de son arrivée sur le sol américain en 1926 à NY puisque les douaniers n’ont pas voulu la considérer comme une œuvre d’art moderne et ont réclamés des droits d’importation. Brancusi a gagné sa contestation judiciaire. Dans son arrêté, la cour reconnait la tendance des artistes à « dépeindre des idées abstraites plutôt qu’à imiter des objets de la nature ».

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Le baigneur de Paul Cézanne – 1885. Le premier directeur du MoMA, Alfred H. Bahr JR, considérait Cézanne comme le père de la peinture moderne. En 1929, Cézanne, Gauguin, Seurat et Van Gogh étaient les artistes célébrés par la toute première exposition du MoMA. Le « baigneur » y figurait.

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Comptabilité de l’exposition

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Le meneur de cheval de Picasso – 1905 fait partie d’une exposition du MoMA (1939) suite à l’agrandissement du bâtiment et au dix années de création. Les fauvistes et les cubismes (dadaïstes et surréalistes aussi) y sont présentés mais aussi les arts mécaniques du cinéma et de la photographie.

Après guerre, le centre de gravité de la création internationale se déplace vers les États-Unis.

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The-She-Wolf (la louve) de Jackson Pollock- 1943 entre au musée un an après sa création.

Chez Pollock, il y a un avant et un après 1947, date à laquelle l’Américain abandonne le pinceau pour le dripping, technique consistant à laisser goûter la peinture sur la toile. (…) Le tableau brasse à la fois la mythologie et l’inconscient de l’artiste. Beaux Arts Magazine Dans La Louve, il est à la croisée de ces deux techniques. Au début des années 1940, Pollock explore les thèmes mythologiques et primitifs. C’est la première œuvre de l’artiste a intégré un musée.

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Echo number 25 – Jackson Polock – 1951

Écho: Le numéro 25, 1951 est un départ radical des premières peintures «au goutte à goutte»

«J’ai eu une période de dessin sur toile en noir – avec quelques-unes de mes premières images à venir – je pense que les non objectivistes les trouveront troublantes – et les enfants qui pense que c’est simple d’éclabousser un Pollock. » Pollock

« Je crois qu’en Amérique, certains d’entre nous, libres du poids de la culture européenne, sommes en train de trouver la réponse car nous nions toute relation entre l’art, la beauté et la recherche de la beauté.  » Barnett Newmann – 1948- Un des peintres représentant l’expressionniste abstrait.

Avant la seconde guerre mondiale, ce mouvement fait l’objet de la part des instances gouvernementales, y compris du Président Truman, d’une répression sévère puisqu’il s’inspire de mouvements considérés influencés par le régime communiste. Le début du maccarthisme se fait sentir. Mais, malgré tout ça, le gouvernement encourage le développement du MoMA dans sa politique de découverte pour montrer que l’art est apparenté à la liberté que représente les États-Unis.

Niveau 2

Séries et structures minimales – Pop Art

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Woman I de De Kooning – 1952. Cette toile appartient à une série de grande taille (2m de haut sur 1,5 m de large) consacrée à la femme de l’artiste. Elle semble être  exécutée rapidement par gestes hâtifs alors que l’artiste a mis deux ans à la finir ! Son achat par le MoMA a été très controversé.

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Map de Jasper Johns- 1961.

En réfléchissant sur son choix d’images facilement reconnaissables, Johns a dit qu’il était intéressé par «l’idée de connaître une image plutôt que de la voir du coin de l’œil».  La carte invite à une inspection minutieuse car son contenu est à la fois familier et imaginaire. Sitographie du MoMA

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Cravate sérigraphiée et enveloppe décorée envoyés par Picasso au directeur, Alfred H Bahr Jr, en 1958 pour sa grande rétrospective. Car, les rapports entre le Musée et l’artiste sont étroits: Le MoMA posède 1242 oeuvres de Picasso et celui-ci a figuré dans 321 de ses expositions temporaires. Le MoMA possède les demoiselles d’Avignon (1907) à partir de 1937 après une bataille de deux ans. Le Musée devient rapidement une « vitrine » des œuvres de l’artiste en conservant pendant la guerre le fameux Guernica. Ce n’est qu’en 1981 que celui-ci reviendra au Prado à Madrid. Pourtant, Picasso n’a jamais été aux États-Unis.

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Façade du bâtiment des Nations Unies – Oscar Niemeyer et Le Corbusier -NY – Premier monument de style international construit dans cette ville dans les années 50 et annonce une nouvelle ère des bâtiments urbains.

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Double Elvis – Andy Warhol – 1963

Dans Double Elvis, Warhol a créé un effet stroboscopique en superposant deux images du chanteur – probablement tirées d’une publicité encore pour le film western Flaming Star (1960). Double Elvis appartenait à l’origine à une longue toile continue d’Elvis qui a ensuite été coupé et étiré en plusieurs peintures.  Sitographie du MoMA

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Les Campbell’s Soup Cans d’Andy Warhol (1962) – Série de 32 toiles peintes à la main de la même sorte de boîte légèrement différente selon le goût puis utilisant la sérigraphie comme dans la publicité.

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Drowning Girl – Roy Lichtenstein -1963 Lichtenstein a recadré l’image dramatiquement, montrant la fille seule et encerclée par une vague menaçante. Il a changé la légende de «Je me fous si j’ai une crampe!» À «Je m’en fous!» Et le nom du petit ami de Mal à Brad.

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Colors For A Large Wall- Ellsworth Kelly – 1954. (2,4m de côté)C’est à Paris que l’ancien GI composera cette œuvre en s’inspirant des couleurs sur la Seine et en travaillant sur le hasard encouragé par John  Cage et Jean (Hans) Arp. Composé de 64 monochromes de un pied carré (923 cm2) assemblées par hasard, elle rejoindra le MoMA quinze ans plus tard.

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Identical Twins, Roselle, New Jersey- Diane Arbus- 1967. que l’on pourrait encore appelé « opposition dans la ressemblance » . Photographe renommée pour ses portraits de rue et de communautés.

 » Je crois réellement qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiait pas ». Diane Arbus. 1967, c’est l’année où se tient au MoMA l’exposition de photographes fondatrice « News documents » qui réunit outre Diane Arbus mais aussi Garry Winogrand et Lee Friedlander.

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Films Stills – Cindy Sherman -1977. Dans cette série de 69 photos en noir et blanc qui reprend l’esthétique des « stills » des films de série B, l’artiste se met en scène tout en plagiant les photographies d’actrices de cinéma des années 1950 et 1960. Chaque « film-stills » est ici une reconstitution imaginaire inspirée de films classiques empruntés à la filmographie du néo-réalisme italien, au cinéma d’Hitchcock ou encore de Douglas Sirk.

Felt Suit 1970 by Joseph Beuys 1921-1986

 

 

Felt Suit de Joseph Beuys- 1970 est un costume deux pièces comprenant une veste et un pantalon fabriqué à partir de feutre gris grossier. Il s’agit du numéro soixante-dix-sept dans une édition de cent costumes identiques, tous produits la même année par l’artiste allemand Joseph Beuys.

 

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Untitled- Félix Goncalez Torres– Œuvre participative présentée la première fois en 1990L’artiste d’origine cubaine invite toutes personnes à retirer petit à petit son œuvre en emportant avec lui un des bonbons. Il meurt du SIDA en 1996, trois mois après avoir fait don de cette œuvre au MoMA. Une œuvre qui symbolise le deuil lié à l’épidémie de cette maladie. Sitographie du MoMA.

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Patchwork Quilt – Romare Bearden – 1970. « J’essaie de montrer, » a déclaré Bearden, « que lorsque certaines choses sont sorties du contexte habituel et mises dans le nouveau, on leur donne un caractère entièrement nouveau. » Sitographie du MoMA. Son acquisition fait suite aux protestations d’activisme qui dénoncent le manque de présence d’artistes issus des communautés ou noirs. Le MoMA reconnait alors sa position ethnocentrée et décide d’y remédier.

Niveau 3

L’Art en action – Images et Identités USA 1975-2000

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Quatre années de travail sur le chemin de fer, selon l’artiste, «m’ont complètement arraché aux prétentions de l’art, même au mien, et j’étais de retour sur les lignes horizontales de l’acier et de la rouille». Carl André . Sitographie MoMA

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144 Lead Square – Carl André- 1969 – L’idée développée par Carl André est qu’il y a forcément interaction entre l’œuvre et les visiteurs et en travaillant sur la base horizontale on les développent volontairement ou par inadvertance. Mais, principe de précaution en vigueur actuellement, la fondation avertit que les plaques sont en plomb et qu’il faut éviter de les toucher!!!!

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Accumulation #1- Yayol Kusama – 1961 

A cette époque, Kusama développe un autre motif obsessionnel (en plus des pois): le phallus. Elle fabrique des quantités délirantes de formes phalliques avec ses draps, qu’elle découpe, coud et rembourre. Puis elle les colle sur des fauteuils ou des escabeaux, en remplit des chaussures. Et elle se met en scène au milieu des ces « accumulations ». Culturebox

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Human/Need/Desire – Bruce Nauman – 1983

Nauman croit que la langue est «un outil très puissant»; Il a été inspiré pour utiliser des tubes néon en raison des messages convaincants et de l’aura hypnotique des publicités au néon. Ici, avec ironie, l’artiste utilise ce médium commercial clignotant – avec tous ses fils exposés – pour aborder les éléments fondamentaux de l’expérience humaine. Sitographie MoMA

Dernier niveau

Numérique/analogique – Nouveaux horizons

Cet espace présente des œuvres du XXIème siècle où l’imagerie numérique se mêle aux arts traditionnels. Puis, l’exposition montre la création vivante mondialisée.

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Measuring The Universe – Roman Ondak – 2007

Sans la participation active des gens, Measuring the Universe de Roman Ondák n’existerait pas. Un croisement entre une installation spécifique au site et un événement ouvert à tous, le travail commence comme une galerie blanche vide. Au fur et à mesure que les visiteurs entrent dans la pièce, ils sont invités à se tenir contre le mur et à demander à quelqu’un de marquer leur hauteur et de l’étiqueter avec leur prénom et la date de leur visite. Comme l’artiste le décrit: «Tout visiteur [qui] entre dans ma chambre est le bienvenu à mesurer. Et la participation des gens est très spontanée.  » Sitographie MoMA

  The forty part motet- Janet Cardiff – 2001

Considéré comme le chef-d’œuvre de Cardiff, The Forty Part Motet est une performance chorale en quarante parties de la composition du compositeur anglais Thomas Tallis, Spem in Alium, du XVIe siècle , chantée par le Salisbury Cathedral Choir. La performance est jouée en une boucle de quatorze minutes qui comprend onze minutes de chant et trois minutes d’entracte. Les parties enregistrées individuellement sont projetées à travers une quarantaine d’enceintes disposées vers l’intérieur dans une formation ovale, permettant aux visiteurs de marcher tout au long de l’installation, écoutant les voix individuelles avec le tout. La stratification des voix de Cardiff crée une sculpture sonore émotionnellement évocatrice qui se sent intime, même dans un espace public. Sitographie MoMA

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2 commentaires

  1. Bonjour Matatoune, cette exposition est magnifique et je pense que j’y passerai bien du temps pour admirer les toiles et les photographies. Merci pour ce beau partage et le moment de détente avec la vidéo musicale.
    Bel après-midi et mes amitiés 🙂

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